Depuis la prise de fonction de Fabien Galthié, l’équipe de France de rugby à XV connait un succès retentissant, et fait aujourd’hui figure de favorite à la Coupe du Monde 2023. Parmi les nombreuses innovations apportées par le sélectionneur, la Data Science peut surprendre. C’est pourtant une source d’information et d’aide à la décision précieuse, y compris dans le sport.
Partenariat SAS et arrivée de F. Galthié dans l’équipe
Fort de son expérience comme directeur chez Capgemini, Fabien Galthié arrive à la tête du XV de France avec l’idée d’y exploiter au maximum la data, afin d’améliorer la performance – individuelle et collective. Si les GPS et la vidéo sont utilisés depuis longtemps dans le sport, le XV de France noue un partenariat exclusif avec SAS, société spécialisée dans la Data Science, pour analyser les données de près de 1 500 matches (équipes nationales et clubs confondus).
SAS et les analystes du XV de France comptabilisent, codent et mettent ainsi à disposition du staff de l’équipe une base de données unique en son genre. A l’aide d’un moteur de recherche, les entraineurs peuvent entrer des requêtes précises, filtrer les résultats et affiner leurs demandes afin d’en tirer des informations stratégiques, sur leur équipe, mais aussi sur l’adversaire.
Les types de données et leurs usages
Le staff du XV de France s’appuie désormais sur deux types de données différentes pour gérer l’équipe et préparer les matches :
Les données athlétiques et physiologiques des joueurs, issues des capteurs GPS ou d’examens médicaux,
permettent d’analyser les déplacements et la puissance générée par un joueur lors des entrainements ou matches. La récupération musculaire et physiologique peuvent aussi être mesurées. Ces informations permettent de gérer au mieux le temps de jeu des joueurs, et donc, d’optimiser la gestion du groupe lors de longues compétitions comme la Coupe du Monde ou le Tournois des VI Nations.
Les données « événement », issues des analyses de matches – notamment via le partenariat avec SAS – comptabilise chaque fait de jeu (ou événement) : nombre de passes, de jeux au pied, de courses, de plaquages, de fautes, zones du terrain utilisées, etc. Ainsi, il est par exemple possible de chercher comment une équipe adverse concède le plus de pénalités ou le plus d’essais, à quels moments du match. Toutes ces informations permettent d’orienter l’entrainement en fonction des forces et faiblesses de l’adversaire.
Cette base de données a par exemple contribué à la victoire (40-25) contre les All Blacks en 2021. En effet, alors que Fabien Galthié recherchait les différences entre les équipes gagnant ou perdant contre la Nouvelle-Zélande, le staff s’est rendu compte qu’après un temps de possession de balle trop important, les adversaires des All Blacks avaient tendance à encaisser des points. Dans les faits, après un certain temps, il vaut donc mieux se séparer du ballon que de s’exposer à un contre. Cette information, ajoutée à d’autres, a permis au XV de France de s’imposer face aux néo-zélandais, une première depuis 12 ans.
Quelques innovations technologiques au service du rugby
Quelques innovations intéressantes émergent pour aider à la collecte ou à l’analyse des données sportives :
- Le GPS glissé sous le maillot des joueurs est l’un des premiers capteurs de données utilisé dans le rugby et le sport en général, depuis les années 2010 environ. Il permet au staff d’analyser les déplacements de l’équipe, la vitesse et l’intensité mise par un joueur dans ses courses.
- Le ballon connecté fait son apparition depuis peu. Lui aussi équipé d’une puce GPS, il permet au staff d’analyser les passes et les jeux au pied réalisés par leurs joueurs, de comparer les trajectoires lors des transformations, et même d’analyser les performances en mêlée.
- Le protège-dents connecté pourrait lui aussi être utilisé. Son intérêt réside principalement dans la protection des joueurs. En effet, équipé de différents capteurs, il permet de mesurer l’intensité des chocs reçus par les joueurs, et donc, d’anticiper les blessures.
- L’intelligence artificielle (IA) pourrait bientôt remplacer le travail des analystes vidéo. Utilisée de longue date, la vidéo est utile dans la préparation des matches, mais son exploitation est fastidieuse. L’IA pourrait automatiser la détection et le décompte des données dites « événements » (passes, plaquages, etc. …)
Interrogé sur le sujet, Fabien Galthié précise que toute la stratégie de l’équipe n’est pas dictée par les algorithmes. L’expérience, le ressenti et l’intuition tactique, dans la préparation des matches et au cours de ceux-ci, restent fondamentaux. Comme au sein d’une entreprise, la donnée est une source d’information quasi infinie. Elle ne doit cependant pas remplacer le décideur, qui doit être capable de l’analyser, la contextualiser et l’exploiter au mieux.
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